dimanche 1 mars 2015

Et bien dansez maitenant...


- Pascal..

Petit billet sculptural rédigé à l'occasion d'une collaboration avec le site Artips sur la sculpture de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) exposée à l'entrée de l'Opéra Garnier à Paris.

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1869, un scandale éclate sur les marches de l’Opéra Garnier. En cause, La Danse, le groupe sculpté par Jean-Baptiste Carpeaux pour la façade de l’édifice. Il représente le génie de la Danse en jeune homme nu jouant du tambourin. Il est entouré d’une farandole lascive de femmes tout aussi dénudées.

Dans un XIXème siècle pudibond, la statue est considérée comme pornographique. Mais, ce qui importe avant tout à Carpeaux, qui s’éloigne ainsi des néoclassiques, c’est de restituer le mouvement : "la sculpture, c'est la vie, la vie, c'est le mouvement".

J-B. Carpeaux, “La Danse”, 1865-1869,
plâtre, Paris, musée d’Orsay.
Outrage aux bonnes mœurs, le groupe suscite de nombreuses réactions de chefs de famille : "J'ai une femme et des filles passionnées de musique […] jamais je ne consentirai à les mener dans un monument dont l'enseigne est celle d'un mauvais lieu". La contestation atteint son paroxysme durant la nuit du 26 au 27 août 1869 lorsqu’un anonyme jette un encrier sur la sculpture.

J-B. Carpeaux (d'après), Buste du génie de la Danse
h: 19 cm, bronze et marbre, non signé

Une nouvelle sculpture de La Danse est alors commandée à Charles Gumery. Cependant, la guerre de 1870 occulte la polémique et reporte la substitution des deux sculptures à plus tard.

C’est finalement un siècle après, en 1964, que la sculpture de Carpeaux sera remplacée par une copie de l'originale, réalisée par Paul Belmondo, père du célèbre Jean-Paul. La sculpture initiale de Carpeaux se laisse aujourd’hui admirer au Musée d’Orsay.

N’oubliez pas de jeter un coup d’œil furtif à la statue si vous avez un jour la chance de gravir les marches de l’Opéra au milieu de spectateurs endimanchés...

Cette sculpture a été le sujet, dans sa totalité ou de personnages isolés, de nombreuses reproductions et éditions. Celles-ci, autorisées et réalisées du vivant de l'artiste, et ensuite par le fondeur Susse, à partir de 1914, se retrouvent en nombre dans les ventes aux enchères consacrées ou non à l'art et à la sculpture du XIXème siècle.  Elles varient par leur qualité, leur finesse, leur patine et leur ciselure.  A titre d'exemple, un très beaux plâtre patiné de 55 cm de haut, s'est vendu chez Sotheby's à Paris le 26 octobre 2011 pour la somme de 156, 750 euro frais compris (source : Artprice).


J-B. Capreaux, Les Trois Grâces, 1874
Epreuve ancienne de l'artiste, cachet "Propriété Carpeaux", cachet à l'Aigle impérial
fonte circa 1875, 81,1 x 48,3 x 33,5 cm

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